En plus des impacts environnementaux, d’autres facteurs entrent en ligne de compte lorsqu’on pense à opérer un changement aussi majeur que le remplacement des énergies fossiles par des énergies renouvelables : l’importance économique des énergies déjà en place, les risques de conflits internationaux, de même que les ressources géographiques des différents milieux et les coûts des nouvelles énergies.
Les ressources énergétiques ont déjà provoqué des crises importantes et l’on peut supposer qu’elles en créeront d’autres. Considérons simplement les deux importantes crises pétrolières du XXe siècle. Elles ont toutes deux profondément affecté les différents pays, réduisant leurs activités économiques en haussant le prix des énergies fossiles, énergies à la base même de l’économie, et ont prouvé l’influence des pays producteurs de pétrole, surtout des membres de l’OPEP.
Maintenant, si l’on note que la consommation mondiale de pétrole dépassait, en 2004 comme en 2006, les 82 millions de barils par jour, et que le prix actuel (au 7 avril 2008) d’un baril de pétrole est de 109,09$ US , un calcul simple démontre que le pétrole représente, à travers la planète, plus de 9 000 millions de $ US de par sa production, sans compter les multiples intermédiaires entre le baril et l’achat de l’essence à la pompe. De cela, il faut bien sûr soustraire les coûts liés à la production du pétrole, mais on peut facilement comprendre que les hydrocarbures sont l’une des plus importantes sources de revenus du globe. Certains pays du Moyen-Orient ont tellement concentrés leur économie sur l’exploitation des hydrocarbures que ceux-ci constituent plus de 50% de leurs exportations. C’est le cas entre autres pour le Kazakhstan, le Turkménistan et pour l’Azerbaïdjan. On peut donc conclure, après de telles constatations, que les pays producteurs de pétrole risquent de mal réagir à un tournant majeur des énergies, au passage des combustibles fossiles aux énergies renouvelables. Ne dit-on pas que l’argent fait tourner le monde? Dans ce cas-ci, l’argent représenterait sans doute plutôt une motivation à la stagnation.
Notons aussi que l’utilisation de l’hydroélectricité peut aussi engendrer des conflits. Un barrage en amont d’un cours d’eau aura des répercussions en aval. La diminution du débit engendrée par la rétention de l’eau risque fort de nuire aux pays qui ne peuvent utiliser cette eau qu’après le barrage. Seront peut-être à envisager l’assèchement du cours d’eau dans les pays en aval et des pénuries d’eau potables, en plus des modifications des habitats naturels décrites plus tôt.
La géographie a une importance fondamentale dans le choix d’une énergie plutôt qu’une autre. Si les conflits internationaux entrent en ligne de compte, il faut aussi considérer les ressources internes de chaque pays. Si l’hydroélectricité est particulièrement bien implantée au Québec, c’est grâce au réseau hydrographique bien fourni de la province. Le désert du Sahara serait bien mal placé pour tenter l’utilisation d’une telle source d’énergie. Par contre, on pourrait y développer, avec succès, l’énergie solaire thermique qui nécessite un grand apport de chaleur. L’énergie solaire photovoltaïque, elle, s’implante mieux dans un milieu ensoleillé, mais frais. L’énergie éolienne nécessite un apport constant en vent d’intensité raisonnable (pas très élevée). Si l’on sait qu’au Japon, par exemple, les vents ne manquent pas, c’est plutôt l’espace réduit qui empêche l’implantation de champs d’éoliennes. Ainsi, l’utilisation de l’énergie solaire, grâce à des panneaux disposés sur les toits des gratte-ciels, serait plus appropriée dans ce coin du globe. Le(s) type(s) d’énergie que chaque région peut choisir varie donc en fonction de sa localisation et de ses ressources naturelles.
Aussi, les moyens financiers des différents pays nuisent à l’implantation des énergies alternatives. Si le pétrole, le gaz naturel et le charbon sont déjà utilisés à travers la planète, on peut les considérer comme étant bon marché, malgré la hausse du prix du pétrole. Par contre, l’installation de la plupart des énergies renouvelables et moins polluantes nécessite beaucoup de fonds. Les énergies hydroélectrique, solaire, éolienne et géothermique, en particulier, coûtent cher à installer , surtout si l’on doit développer des réseaux de distribution. L’argent à investir peut en décourager plus d’un.
Dim 11 Mai 2008 - 11:54